Allergies: symptômes, traitement et immunothérapie sublinguale - 20 octobre 2015
Les allergies alimentaires peuvent se présenter de différentes façon. L’allergie au blé en particulier peut susciter des symptômes qui ne sont, au final, pas très différents de ceux qu’on attribue communément aux intolérances alimentaires. En fait, l’intolérance alimentaire n’est pas un diagnostic médical comme tel. Il s’agit plutôt d’une désignation d’un inconfort que le patient associe à tort ou à raison à la consommation d’un ou plusieurs aliments.
L’allergie alimentaire a fait l’objet d’autres textes sur notre site. Son expression clinique peut être très grave d’où la nécessité d’un diagnostic médicalement confirmé qui appelle ensuite des précautions importantes comme l’éviction alimentaire stricte et le port d’un auto-injecteur d’Épinéphrine®. Dans la plupart des cas (mais pas tous), le diagnostic d’une allergie alimentaire typique est relativement simple et se fait par des tests de dépistage allergique cutanés ou sérologiques.
Outre les allergies alimentaires typiques qui peuvent causer des réactions allergiques sévères comme l’anaphylaxie, il existe également des allergies alimentaires désignées sous le nom de syndrome pollen/aliment (ou l’anglicisme syndrome allergique oral). Ces réactions allergiques moins typiques qui impliquent généralement du picotement, voire de l’enflure, au niveau des lèvres, de la langue et de la bouche ainsi que de la gorge (ce qu’on appelle le syndrome de Lessof) représentent en quelque sorte une complication d’allergies respiratoires, typiquement une allergie au pollen, bouleau ou d’herbe à poux. Ce type d’allergie compte en fait pour 60% des allergies alimentaires. Elles sont donc plus communes que les allergies alimentaires typiques qui, elles, représentent tout de même un problème pour 3% des adultes et 6% des enfants au Canada. La science n’a pas réussi à établir si le traitement des allergies alimentaires associé peut vraiment aider à une majorité de patients affectés d’un syndrome pollen/aliment en terme de leur tolérance à l’aliment en question. Chose certaine, certains protocoles se développent, en France notamment, en terme d’immunothérapie orale pour la pomme en particulier.
L’intolérance alimentaire:
Ce vocable désigne malheureusement différentes conditions pour différentes personnes d’où le risque d’être mal compris lorsqu’on parle d’intolérance alimentaire. Il est néanmoins possible de débroussailler la situation en décrivant quelques syndromes plus clairement étayés.
L’intolérance au lactose:
Il s’agit d’une condition génétique mais qui peut s’exprimer plus tard, voire à l’âge adulte. Une personne peut être, à un degré ou à un autre, incapable de métaboliser le lactose, hydrate de carbone (c’est à dire une forme de sucre) présentant le lait et ses dérivés. Ce sont les bactéries du côlon qui devront se charger de la digestion avec pour conséquence des gaz et différents symptômes abdominaux inconfortables. Une fois le diagnostic établi par le médecin, on peut conseiller d’éviter les aliments qui contiennent du lactose, consommer des aliments « sans lactose » ou prescrire la prise de comprimés de lactase en association avec les aliments en cause.
L’intolérance au gluten:
La maladie cœliaque est une condition génétique dont la résultante est le développement de lésions de tout l’intestin à la consommation de gluten (qui constitue la majorité des protéines retrouvée dans les pains, les pâtes et le blé de façon générale). Des symptômes autres que strictement digestifs peuvent accompagner cette condition auto-immune. Le diagnostic de cette condition qui pourrait affectée environ 1% de la population n’est pas particulièrement facile d’autant que certaines formes de la maladie sont loin d’être typiques.
D’autres formes d’allergie au blé:
Contrairement aux réactions allergiques alimentaires typiques, certains patients affectés d’allergie au blé ne présenteront pas de symptôme aigu mais plutôt, de façon retardée, de l’inconfort abdominal avec crampes, nausée, vomissement, diarrhée et parfois du prurit cutané ou des rougeurs. Une forme particulière de l’allergie au blé s’exprime par des réactions anaphylactiques violentes mais reliées à l’effort physique significatif effectué dans les quatre heures précédent ou suivant la consommation de produits de blé. Pour plusieurs de ces patients, il s’agirait d’une expression clinique particulière d’une allergie à une protéine de blé appelée « Tri a 19 », une Oméga 5 Gliadin.
Les symptômes de l’intolérance alimentaire:
Qu’il s’agisse de ballonnements, de mauvaise digestion (dyspepsie), de rots, de nausée, vomissement, crampes abdominales, gaz ou diarrhée, les symptômes d’intolérance alimentaire sont bien réels et font souffrir une proportion impressionnante de la population sur une base quotidienne et pour des durées prolongées. C’est la mécanique en cause qui n’est souvent pas très claire ni pour les médecins, ni pour les commentateurs médians. Personne ne met en doute la souffrance vécue par ces patients mais la pseudo science et des intérêts commerciaux ont pu contribuer à l’incongru des positions de certaines personnes sur le sujet. Ainsi, le postulat selon lequel les intolérances alimentaires seraient dues à des intestins insuffisamment hermétiques ( »leaky barrel syndrome ») n’est strictement que cela, un postulat qui n’a jamais été prouvé. En conséquence, la recherche d’IgG spécifiques pour les aliments ne saurait guider une approche scientifique de la problématique des intolérances alimentaires.
Conditions causales d’intolérance alimentaire:
Il y a sans doute un peu de tout pour tous ici. En ORL, on reconnaît maintenant le syndrome d’hypersensibilité nasale où les réflexes propres à l’intérieur du nez pourraient être devenus hypersensibles et manifester des symptômes importants pour des changements habituellement bien tolérés de température ou d’humidité ou d’exposition à certains parfums ou irritants légers. On est maintenant capable au point de vue expérimental de déceler des patients dont l’allergie respiratoire n’affecte que le nez! Chez ces patients, les tests cutanés et/ou sérologiques sont tout à fait négatifs. D’ici quelques années, nous auront de meilleurs outils pour permettre d’identifier ces patients et, nous le souhaitons tous, mieux les aider. Pour le scientifique, ces deux mécanismes présents au niveau du nez pourraient tout à fait logiquement affecter les intestins également. C’est à suivre…