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Comprendre les tests d’allergie

Allergies: symptômes, traitement et immunothérapie sublinguale - 2 septembre 2015


« Pas des tests comme les autres… »

Lorsqu’on fait allusion à un test biologique, on pense d’emblée que ses résultats viendront confirmer de façon formelle la présence ou l’absence d’une condition médicale. C’est le cas pour les tests de grossesse, mais pas du tout la même chose dans le domaine de l’allergie…

« Testez-moi pour tout! »

Et si c’était si simple… Douleur à la poitrine? Une prise de sang peut maintenant nous dire si vous faites un infarctus (« attaque de cœur »). Vous vous êtes blessé au bras? Une simple radiographie saura nous dire si, oui ou non, vous avez une fracture. Mais il en va tout autrement en allergie où les tests, qu’ils soient cutanés ou par voie sérologique (prise de sang), n’ont qu’une valeur relative…

IgE et allergie

L’immunoglobuline de type E (IgE) est une sorte particulière d’anticorps nécessaire au déclenchement d’une réaction allergique. Dans le développement d’une allergie à l’œuf, à l’arachide ou au pollen par exemple, le système immunitaire de la personne va initialement « fabriquer » des IgE pour ces substances. Ces anticorps sont « spécifiques » (ils sont précisément adaptés) pour l’œuf, l’arachide, ou certains pollens en cause dans l’allergie d’une personne. Il s’agit là de notre meilleur marqueur biologique d’allergie; on devrait plutôt dire « le moins pire ».

Des tests de sensibilisation… pas nécessairement d’allergie

Même si les IgE sont nécessaires à une réaction allergique, ce n’est pas parce qu’une personne possède des IgE de pollen de bouleau qu’elle aura des symptômes de rhinite ou d’asthme au contact du pollen de bouleau. Ainsi, si on teste au hasard une centaine de personnes, environ une cinquantaine montreront des positivités. Mais de celles-ci, seulement la moitié rapporteront être affectés de symptômes d’allergie. Être sensibilisé (avoir un test cutané positif) confirme que le système immunitaire de la personne se « prépare » pour une allergie mais ne saurait confirmer cette allergie si le patient n’a pas de symptômes cliniques.

Pour des raisons biologiques, un test de dépistage allergique a environ 30% des chances d’être faussement positif et 10% des chances d’être faussement négatif.

Pourquoi un test d’allergie se « tromperait-il? »

D’une part, il y a ces gens avec très peu d’IgE dans le sang (test négatif) mais qui peuvent tout de même présenter des réactions allergiques graves. C’est parfois le cas dans certaines allergies alimentaires comme l’allergie à l’arachide. Parfois, les gens peuvent présenter beaucoup d’IgE mais dirigés sur une protéine inoffensive. On voit ça parfois avec l’arachide mais surtout chez les pollens. Ceci cause un positif sur la peau sans qu’il n’y ait vraiment d’allergie. Il existe également des IgE dirigés sur des contaminants biologiques (CCD) sans conséquence allergique non plus. L’allergologie moléculaire nous aide à voir plus clair dans ces circonstances.

Aucun test pour la sévérité d’une allergie

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’y a pas de corrélation fiable entre la grosseur d’une papule de test cutané et la sévérité de l’allergie du patient. C’est également la même chose au niveau de la quantité d’IgE dans le sang qu’on peut désigner par des chiffres de 0 à 100 environ ou des catégories de 0 à 6. Même si ces chiffres nous donnent une indication de la quantité d’IgE en circulation, ils ne peuvent vraiment prédire la sévérité d’une réaction éventuelle.

Peut-on confirmer par un test qu’une allergie a disparu?

Non. Certains tests peuvent donner une indication, être suggestifs mais aucun ne peut confirmer vraiment. Au niveau alimentaire, ultimement c’est par la provocation orale qu’on peut finalement déterminer qu’une personne n’est ou n’est plus allergique à un aliment. En clinique hospitalière, on fait consommer l’aliment en question et valide l’absence de réaction.

En allergie respiratoire, certains refont les tests cutanés après l’immunothérapie afin de voir si la réactivité de la peau a diminué ou disparu. Ça peut arriver mais que ce soit le cas ou pas, ce qui nous donne la meilleure indication, ce sont les symptômes du patient. Surtout en recherche, une mesure de certains anticorps dits « bloquants » IgG4, qui généralement augmentent au fur et à mesure de la désensibilisation d’une personne, peut donner une idée. Mais là encore, ce marqueur n’est pas particulièrement fiable.

En allergie, le plus précieux c’est ce que le patient nous raconte! Si les tests d’allergie confirment : tant mieux, sinon prudence…

L’allergie : une affaire de protéines

Contrairement au diabète ou la pharmaceutique où on transige habituellement avec des molécules qui nous permettent d’être très précis, l’allergie passe par des protéines, des molécules gigantesques, pleines de circonvolutions qui varient souvent et rendent difficile de les quantifier. Alors qu’on sait précisément qu’une aspirine contient 325 mg d’acide acétylsalicylique, le dosage précis d’une certaine protéine allergène dans une fiole peut varier énormément dépendant des différentes formes (isoformes) qu’elle peut prendre, de la quantité qui adhère à la paroi, de la présence de résidus d’autres protéines, et de la méthode de mesure choisie. Entre autres…



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