L’immunothérapie sublinguale

Pratiquée en Europe depuis près de 30 ans et populaire aux Etats-Unis depuis une dizaine d’année, l’immunothérapie sublinguale permet de changer le cours des allergies respiratoires, de mieux contrôler les symptômes que les médicaments couramment prescrits tout en réduisant le risque du développement de nouvelles allergies ou de complications comme l’asthme. Tout comme les vaccins allergiques mais plus facilement (le traitement se fait à la maison) et avec une innocuité intéressante par rapport à ces mêmes vaccins qui utilisent des extraits allergéniques approuvés par Santé Canada.

Dans un contexte où les patients souffrant d’allergies respiratoires cherchent les bienfaits de l’immunothérapie mais se montrent généralement réfractaires aux injections hebdomadaires, et où les produits sous forme de tablettes sont encore limités, l’option de l’immunothérapie sublinguale basée sur les extraits devient une alternative valable.

Ce que change cette publication

Même si plusieurs communications supportent l’immunothérapie sublinguale, la question du dosage à employer peut laisser certains médecins perplexes. Les allergènes sont des protéines, donc des molécules énormes, complexes, enroulées ou tordues de façon variable et dont la quantification ne sera jamais vraiment simple. Les mêmes difficultés ont confronté et continuent de faire partie du quotidien des allergologues qui soignent par les vaccins allergiques.

L’article intitulé « Dosing of sublingual immunotherapy for allergic rhinitis: evidence-based review with recommendations » revoit les données scientifiques présentement disponibles pour ensuite guider les allergologues, ORL et autres spécialistes oeuvrant en allergologie quant aux préparations plus à même d’aider leurs patients. Cette publication fait suite à une autre des Dr Sandra Lin et Brian Leatherman de 2011 et une méta-analyse du Dr Lin publiée en 2013 qui établissaient la légitimité de l’immunothérapie sublinguale basée sur les extraits. Ils persistent et signent en quelque sorte en fournissant des repères en immunothérapie sublinguale basée sur les extraits très populaires aux Etats-Unis.

Allergies respiratoires : sous un nouveau jour

De façon plus significative, cette communication scientifique revue par les pairs contribue à l’avancement d’une attitude différente par rapport aux allergies respiratoires. Dans un sens, il pouvait y avoir une sorte de résignation face aux allergies respiratoires. « Débarrassez-vous de votre chat, couvrez vos matelas et n’allez pas jouer dehors en saison. » On peut maintenant faire bien davantage… L’immunothérapie sublinguale n’est pas une panacée. Mais il reste que, sur une base scientifique respectable, les allergologues et autres spécialistes oeuvrant en médecine de l’allergie peuvent déjà présenter aux patients une alternative thérapeutique valable qui va au-delà des options traditionnelles. L’éviction des animaux et les autres stratégies d’évitement des allergènes ainsi que le traitement des symptômes laissent malheureusement la maladie allergique évoluer. Les patients aux prises avec des allergies respiratoires peuvent maintenant s’attendre à mieux.

De nouveaux produits d’immunothérapie vont également arriver au cours des prochaines années. Et c’est tant mieux! Sans doute des produits ciblés qui donneront encore davantage d’options aux patients. Mais pour la personne malade de l’allergie maintenant, et pour ceux dont la condition ira au-delà des indications strictes de produits à venir, mon devoir de médecin sera toujours d’essayer d’aider les patients. Et ceci, en allergie implique à tout le moins de leur expliquer les différentes options disponibles avec leurs avantages et leurs risques.

L’allergie respiratoire n’est plus une fatalité. Même s’il s’agit d’une maladie lentement évolutive avec un potentiel de complications importantes, on peut faire mieux que simplement traiter les symptômes et donner des conseils que les gens ne voudront pas suivre. Le monde de l’allergie évolue et cet article contribue à cette évolution.