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Les antihistaminiques perdent-ils de leur efficacité avec le temps ?

Les antihistaminiques perdent-ils de leur efficacité avec le temps ?

Allergies: symptômes, traitement et immunothérapie sublinguale - 18 novembre 2016


La question de l’efficacité des antihistaminiques nous revient souvent et il importe de bien comprendre leur rôle dans le traitement des allergies.

L’histamine est connue comme la molécule qui, libérée par le contact du corps avec l’allergène (pollen, arachide ou allergène de chat) va déclencher l’enflure, la rougeur, l’écoulement ou le prurit (picotements). C’est justement en se « branchant » à son récepteur dans les cellules des tissus (bronches, peau, conjonctive de l’œil ou muqueuse du nez par exemple) que l’histamine produit son effet. Les médicaments antihistaminiques n’empêchent pas la réaction allergique mais ils interfèrent dans une certaine mesure en bloquant (parfois beaucoup, parfois moins…) l’accès de l’histamine à ces récepteurs.

Les antihistaminiques perdent-ils de leur efficacité avec le temps ?

De façon générale non, même si de façon théorique cela pourrait être possible. Ce qui est plus probable par contre, c’est l’évolution de l’allergie d’une personne. L’allergie, comme maladie, évolue au fil du temps. C’est ainsi qu’on sait maintenant qu’une personne affectée d’une allergie respiratoire (une allergie aux acariens – à la poussière – par exemple) a tendance à développer de nouvelles allergies et/ou des complications comme l’asthme, entre autres. Ce n’est pas tant que l’antihistaminique ne fonctionne pas (il fait toujours son travail de bloquer le récepteur) mais l’intensité de la relâche d’histamine peut augmenter ou durer plus longtemps.

Y a-t-il un antihistaminique meilleur qu’un autre ?

La chose à retenir : choisissez un anti-histaminique de 2ième génération (Allegra™, Claritin™, Aerius™, Reactine™). Plus ciblés, moins d’effets secondaires (de sédation), on devrait les préférer au Benadryl™, un antihistaminique plus ancien, plus sédatif. Ceci dit, il n’y a pas un antihistaminique vraiment supérieur aux autres, mais d’une personne à l’autre, la tolérance peut varier. Si un ne semble pas aider ou semble causer somnolence ou d’autres effets secondaires indésirables, il est approprié d’en essayer un autre.

Les antihistaminiques sont-ils dangereux ?

De façon générale, ce sont des produits très sécuritaires et bien tolérés. C’est ainsi que dans certaines situations (l’urticaire par exemple), un médecin peut parfois (assez rarement quand même) prescrire de quadrupler la dose quotidienne. Les antihistaminiques peuvent néanmoins s’accompagner d’effets secondaires dits anticholinergiques (sècheresse de la bouche, vision brouillée et photophobie, difficulté à se concentrer, rétention urinaire, etc.) De nombreux médicaments ont des effets similaires. Il faut donc garder en tête l’effet anticholinergique additif de la prise d’antihistaminiques chez une personne ayant déjà une pharmacopée significative.

Plus récemment, on reconnaît le rôle de l’acétylcholine dans la plasticité cérébrale, une molécule importante pour notre capacité d’apprentissage et pour la mémoire. La prise à long terme de médicaments aux effets anticholinergiques semble associée à des risques accrus pour la cognition et le développement de la démence, dont la maladie d’Alzheimer est une forme. Ainsi, il convient pour les médecins de réévaluer si la recommandation, chez un enfant en particulier, de la prise d’antihistaminiques à long terme est vraiment une bonne chose.

Les antihistaminiques traitent-ils l’allergie ?

Non, pas vraiment. Les antihistaminiques traitent les symptômes de l’allergie respiratoire, relativement bien, assez souvent… Mais ils ne traitent pas l’allergie. Ils ne changent en rien l’évolution de la maladie allergique, le risque de développer de nouvelles allergies et des complications comme l’asthme, la sinusite ou le syndrome pollen-aliment. Une personne qui prend des antihistaminiques au long cours est aussi allergique (sinon possiblement davantage) après la prise d’antihistaminique qu’auparavant ! La seule façon de changer le cours de la maladie allergique, c’est la voie de l’immunothérapie, qu’elle soit conventionnelle (en injection) ou par l’immunothérapie sublinguale (sous forme de gouttes ou de comprimés).



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